lundi 11 novembre 2013

Lundi soir, 11 novembre 1918

Tout à sa douleur causée par la mort de Pierre Margaritis (1), Roger Martin du Gard note d’une plume sèche «  L’armistice est signé. Nous sommes partis d'Ablancourt. La ville était calme, plutôt morne. […] Je suis descendu en apercevant un rassemblement. Une dépêche était affichée : Les hostilités cesseront sur tout le front le 11 novembre, à 11 heures, heure française. Les troupes alliées ne franchiront pas jusqu’à nouvel ordre la ligne formée par le front à cette date et à cette heure. Signé : MARECHAL FOCH.
Il était 11 heures moins 10. » (Journal T. I, p. 1003).


Un peu plus tôt dans la journée, en toute lucidité il exprime son espoir dans une lettre adressée à sa femme Hélène : « Nous attendons d’une minute à l’autre ce formidable : « Cessez le feu », qui va sauver tant de vies humaines […] Et nous le vivons petitement, comme ont toujours été vécues par les contemporains les plus grandes journées de l’histoire […] Tâche de bien marquer l’imagination de Chr. (2) Qu’elle se souvienne au moins d’avoir vécu ce jour tragique, que l’univers entier attend en frémissant. Que le souvenir de Pierre me pèse lourd, en ce moment plus que jamais ! » (Lettre à Hélène. Journal T. I, p. 1002).


Dans son communiqué à la presse du 11 novembre 1918 à 21 heures Philippe Pétain confirme que l'armistice est entrée en vigueur au 52ème mois d’une guerre sans précédent.



(1) Pierre Margaritis, grand ami de Roger Martin du Gard, est mort de la grippe espagnole dans la nuit du 29 au 30 octobre. Cf. Mort de Pierre dans Journal T. I, p. 994- 999.



Je dédie
LES THIBAULT
à la mémoire fraternelle
de
PIERRE MARGARITIS
dont la mort, à l’hôpital militaire,
le 30 octobre 1918,
anéantit l’œuvre puissante
qui mûrissait dans son cœur
tourmenté et pur.
R.M.G.


(2) Christiane, sa fille, à un peu plus de 11 ans.

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